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Un peu plus d'un an après avoir proposé cette même affiche à la Maroquinerie, Love8 Spectacles remet ça, mais cette fois à l'Elysée Montmartre, salle aussi mythique (pour son histoire) que décriée (pour sa sonorisation) et ce soir en configuration "club". Il semble que les MELVINS, désormais quatuor, ne se séparent plus de leur moitié (à savoir le duo BIG BUSINESS) à qui ils font assurer toutes leurs premières parties, tout en permettant à leur roadie (?) Tim Moss de chauffer la salle (et Dale Crover) en faisant mumuse avec son PORN, ou MEN OF PORN sur disque.
C'est donc PORN qui ouvre, dans une formation différente de celle du concert à la Maroquinerie, toujours différente de celle présente sur leurs disques. Billy Anderson producteur estimé pour ne pas dire culte et accessoirement bassiste de la formation est encore une fois absent. Qu'à celà ne tienne, Tim Moss à la guitare et aux machines, et Dale Crover à la batterie (est-il utile de le préciser?) se sont cette fois adjoint les services, non pas d'un bassiste comme à la Maroq, mais de DEUX musiciens supplémentaires: un jeune accroupi, qui plutôt que de jouer de la basse comme le bon sens le suggérerait, préfère bidouiller, osciller, et bruiter à l'aide de pédales et autres ustensils...et le désomais inamovible Coady Willis, batteur de BIG BUSINESS.
Une formation atypique donc, au centre de laquelle trône le duo de batteurs siamois Willis-Crover, pour une musique pas courante: encore moins "rock" que lors de sa dernière prestation parisienne, PORN nous envoit deux longs morceaux pour un peu moins de 30 minutes de set... moins de riffs, mais plus de sons... pas de final à base de bulles de savon, mais une démonstration de double batterie sur des plages d'oscillations, de feedbacks, de drones et de bruitages. Une mise en bouche expérimentale, fascinante (ou au choix intrigante/chiante/divertissante/amusante/intéressante?) et surtout lourde, qui permettra aux deux impressionnants batteurs gantés de la soirée de se dégourdir les membres.
Sans bulles de savon donc, ni plus de transition, BIG BUSINESS le groupe fagocité par THE MELVINS depuis maintenant DEUX albums (on mesure la performance puisque la bande à Buzzo n'aura jamais conservé aussi longtemps le même bassiste), monte sur la (très) grande et (trop) haute scène: ça change de la Maroquinerie et le duo basse-batterie semble presque perdu tout là-haut sur sa montagne. Jared, qui présente le groupe en chuchotant et en appelant au silence, ne porte plus ses macarons de Princesse Leila, ni sa toge, mais continue les expérimentations capillaires puisqu'il arbore une pseudo tonsure du plus vilain effet. Quant à Coady, il enchaîne mine de rien son second set de la soirée derrière son kit de batterie. Les premières minutes font craindre le pire: en plus de sembler perdu sur l'immense scène, BIG BUSINESS sonne noyé dans les effets, et du coup un poil brouillon et empressé... et puis finalement la sauce prend, et on reste coit devant la capacité du duo à si bien remplir l'espace sonore. Duo qui passe en trio avec l'arrivée de Dale Crover à la guitare (qui du coup balance son deuxième set de la soirée lui aussi: Coady - Dale, 1 partout, balle au centre), sans que la dynamique du groupe en pâtisse le moins du monde. ll faut dire que BIG BUSINESS est régulièrement épaulé par des guitaristes invités sur ses deux disques... la conséquence? Un son encore plus dense et volumineux qui finira par convaincre les sceptiques.
Selon toute vraisemblance (et si l'on se réfère au dernier concert parisien), le trio devrait muter avec l'arrivée de King Buzzo sur scène, pour donner naissance à THE MELVINS dernière mouture, avec le passage de Dale Crover derrière son titanesque kit de batterie, à la gauche de Coady Willis... mais il n'en sera rien: BIG BUSINESS (à trois) se retire après avoir fini son affaire, puis revient accompagné de Buzz Osborne, aka King Buzzo, aka Tahiti Bob en toge, avec une guitare en alu, un poil d'embonpoint et une touffe grisonante. Le dit Buzz est d'ailleurs en grande forme ce soir, tout comme ses acolytes, pourtant moins frais du fait des sets successifs qu'ils ont enchaînés, et nous laisse à voir et à entendre du grand MELVINS dernière génération. L'heure et quart de set est essentiellement axée sur les deux derniers disques, et à peine agrémentée de deux ou trois "vieilleries" parmis lesquelles les plus vieux fans reconnaitront "Boris" (aucune setlist scotchée sur scène ce soir, difficile donc d'établir le listing des titres joués)... la prestation est truffée de hits, et très dynamique avec les batterie siamoises en attraction centrale. Jared Warren (qui s'enturbane le crâne) et Buzz (qui s'agite et transpire à grosses gouttes) se partagent les parties vocales principales, épaulés par deux batteurs gantés d'une synchronisation époustouflante. On est d'ailleurs loin de la linéarité d'un KYLESA dans lequel les deux cogneurs se contentent plus ou moins de jouer à l'unisson. Dans toute leur splendide bizarrerie, le quatuor nous gratifie d'une relecture du "Star Spangled Banner" a capella (9/11 oblige???) pour finalement terminer le concert sur une fin en queue de poisson. Du lard ou du cochon? C'est en tout cas du MELVINS pur porc, à n'en point douter... et du meilleur (reprenez-en). Buzz lui-même, avant de remonter dans le tour-bus, nous confirmait s'être beaucoup amusé, "au moins autant que la dernière" fois. Tant mieux, car le sentiment est partagé...
Note pour Love8: un Bataclan la prochaine fois?
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